Biographie.
Tobeen , peintre et graveur. Un poète du cubisme
1880-1902
Félix Élie Bonnet, dit Tobeen ( Bordeaux 1880- Saint-Valery-sur-Somme 1938), est le fils de Charles Jean Bonnet en Claire Josephine Guillemet. Félix Bonnet est issu d’une famille artisans et il apprend la peinture et le gravure sur bois dans l’atelier de son (grand)père et de son oncle. Il fait également son apprentissage chez l’artiste-peintre bordelais, Émile Brunet qui a travaillé dans l’atelier du peintre symboliste Gustave Moreau à Paris. On peut dire que Tobeen, tout en suivant une formation, est autodidacte.
1902-1907
Entre 1902 et 1904 Tobeen fait son service militaire. Libéré, il trouve un atelier à Bordeaux. C’est grâce à la double influence des peintures de Gauguin et à celle de la sculpture africaine qu’il simplifie les formes, caractéristique du cubisme, tout en ne renonçant pas à la couleur.
Tobeen est proche de plusieurs artistes bordelais parmi lesquels les peintres André Lhote et Charles Lacoste, et l’écrivain / critique Olivier Hourcade, défenseur ardent de l’évolution du cubisme. Ces amis et Tobeen font cercle autour le collectionneur et mécène bordelais Gabriel Frizeau. Le collectionneur a une préférence pour les œuvres influencées par le symbolisme, richement colorées. Dans sa collection se trouvent des œuvres de Paul Gauguin, Odilon Redon, Rodolphe Bresdin.
Chez lui, Frizeau reçoit régulièrement le poète Francis Jammes et d’autres peintres et écrivains, poètes, journalistes de Paris. Toute sa vie Tobeen a cherché le climat des écrivains et poètes, son peinture est de plus en plus d’un caractère poétique.
Tobeen n’est pas un citadin. Il apprécie la vie campagnarde, la forêt landaise, les vignes du Médoc, ou plus au sud, vers la côte basque et le pays au pied des Pyrénées. Dans Ciboure il retrouve ses amis, parmi lesquels le compositeur Maurice Ravel. Le pays basque est source d’inspiration pour Tobeen.
Durant ces années il ne se fait pas seulement connaître comme peintre mais aussi comme clown.
Le premier tableau qu’on lui connaît Les pins au soleil couchant est daté 1903 et signé Tobeen.
1907-1914
1907 Tobeen quitte Bordeaux pour Paris. Il fréquente les artistes regroupés à Montparnasse, à la Ruche où il trouve un premier atelier et Chagall, Léger, Modigliani, Zadkine et al demeurent.
Dans Paris il rencontre Picasso et Braque et visite des expositions des Bresdin et Redon, des Cézanne, Gauguin et Seurat.
1909 Il travaille dans le prestigieux Nouveau Cirque à Paris comme accessoiriste.
La première exposition à présenter ses œuvres a lieu à Bordeaux, Fête d’Urrugne et Pauvres vieilles maison.
1910 Pendant cette année Tobeen trouve un atelier avenue Trudaine, 17, 9ᵉ.
Une deuxième exposition à présenter ses œuvres a lieu à Bordeaux, La baie de Saint-Jean-de-Luz et Soir d’Automne.
1911, en avril, il participe au très controversé Salon des Indépendants, où les cubistes sont pour la première fois représentés en tant que groupe.
1912 Sa reconnaissance comme peintre date de l’achat de son tableau Pelotaris au Salon des Indépendant par Théodore Duret, critique d’art faisant alors autorité.
En octobre, Tobeen présente onze œuvres, e.a. Les faucheurs, Repos et son œuvre la plus en vue Pelotaris, au Salon de la Section d’or en compagnie du groupe, les frères Duchamp, Gleizes, Laurencin, Léger, Lhote, Metzinger, Picabia, et al.. Tobeen est un proche de ce cercle de Puteaux, artistes de la Section d’or qui en fait peignent dans un « style parallèle » au cubisme de Picasso et de Braque.
1913 En cet année Tobeen fait la connaissance du poète Jean Lebrau. De cette rencontre naît une longue amitié dont témoigne une correspondance.
Tobeen travaille comme décorateur pour le Théâtre Idéaliste, un théâtre d’avant-garde à but non lucratif.
Il peint Le bassin dans le parc, dans ce tableau il pousse le cubisme jusqu’à l’abstraction.
La même année Tobeen est sélectionné avec trois œuvres à l’Armorie Show de New York.
1914 Lors de Salon des Indépendant le collectionneur néerlandais, le pasteur Van Assendelft, achète Le filet, qu’il prêtera pour une exposition de la Rotterdamsche Kunstkring la même année. Tobeen a des amis hollandais comme apparaît dans une lettre du peintre Piet Mondriaan au pasteur.
1914-1918
1914 En août, la première Guerre mondiale est déclaré.
1915 De mars à septembre,Tobeen est mobilisé ; il est gravement blessé et serra réformé avec honneur.
1916 En septembre, dans Paris, il épouse la poétesse Louise Justine Dewailly. Ils s’installent dans un logement plus vaste avec un atelier, rue de Dunkerque 79, 9ᵉ.
Cette année il peint Les vendanges.
1917 Très vite ce n’est pas seulement Bordeaux, la côte basque et le pays au pied des Pyrénées qui les attirent mais aussi le nord de la France, Picardie.
Tobeen bénéficie d’une exposition personnelle, galerie Eugène Blot dans Paris avec quinze tableaux, Le marché, La soupe, Le sommeil du fils, et al., des aquarelles et une gravure sur bois, Le fumeur.
1918 En juillet, ils louent une chambre à Saint-Jean-de-Luz et ils sont de retour à Paris en novembre, lorsque la guerre prend fin.
1918-1928
1918 À partir de cette année les galeries lui envoient fréquemment des invitations pour exposer.
1919 En le printemps et l’été, Tobeen et madame Tobeen s’installent à Nice. En novembre, il envoie pour la première fois après la guerre, des travaux au Salon d’Automne, et al. Danse. À partir de cette période, et jusque’ en 1934, il participe presque tous les ans à ce Salon.
1920 Entre 1920 et 1924, Tobeen alterne ses activités à Paris et périodes à Saint-Valery-sur-Somme en été, ou à Nice en hiver. Il présente ses œuvres à galerie Sauvage, galerie Berthe Weill, galerie Marcel Bernheim et al. dans Paris.
1921 En novembre, il a sa deuxième exposition personnelle dans la galerie Haussmann. Dans l’exposition, on trouve cinquante-six œuvres dont Le sommeil de l’enfant, Vénus à la colombe, et plusieurs nature morte avec fleurs dont Nature morte aux fruits et fleurs.
1922 Entre 1922 et 1926, le marchand d’art G. Danthon achète des oeuvres de Tobeen, et al. Nu allongé.
1924 Tobeen et sa femme emménagent dans Saint-Valery-sur-Somme dans leur maison définitive. Celle-ci avec un jardin dans lequel ils cultivent des légumes avec beaucoup d’amour.
Le collectionneur américain T. Catesby Jones achète le tableau Le repos et il donne plus tard l’œuvre au Virginia Museum of Fine Arts, Richmond, VA, États-Unis.
1925 Tobeen participe à la troisième exposition de la Section d’or avec Les pelotaris (1912) et À la fontaine (1924). Cette fois-ci Picasso y participe également.
1926 Dans le Salon des Tuileries on trouve six œuvres de Tobeen, et al. Pommes et citrons et Grand pavois.
Il travaille aux gravures sur bois pour le livre ‘Images de Moux’ de son ami Jean Lebrau.
1927 En juin, dans la galerie Druet Tobeen, et al., André Lhote, Albert Marquet, Charles Lacoste et Georges de Sonneville participent à l’Exposition de Dix Peintres Bordelais. L’expert néerlandais Hendricus P. Bremmer qui fait alors autorité, achète dans cette exposition deux toiles de Tobeen, Nature morte au pivoines et Vue de Saint-Jean-de-Luz . Bremmer est le conseiller du collectionneur Helene Kröller-Müller et c’est grâce à son influence que l’œuvre de Tobeen suscite de plus en plus d’intérêt aux Pays Bas.
1928 En mai Tobeen participe au Salon des Tuileries avec et al. le tableau Dahlias, en novembre l’artiste participe à l’exposition Moderne Fransche Meesters à Vereeniging Voor de kunst dans Utrecht (Pays-Bas), et al. avec Le pêcheur.
1928-1938
1928 À partir de cette année jusque’ à la mort de Tobeen, l’artiste présente ses œuvres au Salon d’Automne et au Salon des Tuileries dans Paris. Et on trouve ses tableaux aux expositions dans Amsterdam, Utrecht, Rotterdam et La Haye (Pays-Bas).
1931 Tobeen exécute la commande de plusieurs aquarelles pour une édition bibliophile d’un roman ‘La Bonifas’ de Jacques de Lacretelle.
1938 Il enverra pour la dernière fois des œuvres au Salon des Tuileries, Hortense en Fontaine.
Lorsque le 14 mars de cette année Tobeen meurt à l’hôpital de Saint-Valery-sur-Somme.
Après sa mort on voit l’œuvre de Tobeen aux expositions dans France, Pays-Bas et les États-Unis, en particulier après les année soixante, partout dans le monde, on apprécie davantage les peintres qui adoptent le « style parallèle » au cubisme de Picasso et Braque .